Le Virus de l'hépatite C assure-t-il une immunisation partielle ?

Dans le Lancet, une équipe américaine a publié des résultats suggérant qu'une réinfection par le VHC est moins probable et moins sévère qu'une première infection. L'éditorial du Lancet conteste cependant cette interprétation.

On estime que 170 millions de personnes dans le monde ont été infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) ; une infection persistante dans 85 % des cas, en l'absence de traitement, et qui expose à long terme à des risques hépatiques allant jusqu'à la cirrhose et le carcinome.

La réinfection est possible. Un bémol cependant : un certain nombre de rapports font état, chez l'homme et chez l'animal, d'une moindre sévérité des réinfections, se traduisant par une virémie plus modeste et une persistance moins fréquente. Ces éléments suggèrent qu'une immunité partielle peut malgré tout se constituer et qu'un vaccin capable de l'induire pourrait présenter un intérêt en santé publique.

Etude chez les toxicos

Cette hypothèse a été étudiée dans un groupe de 262 toxicomanes I.V. L'étude VHC a été lançée en 1995. Dans le groupe retenu, 98 personnes avaient déjà été infectées par le VHC, ainsi qu'en témoignent les échantillons conservés, et 164 n'avaient jamais été infectées. Le principe de l'étude consistait à suivre ces personnes et à rechercher une infection ou une réinfection.
Trente-cinq infections et 12 réinfections ont été constatées.

Une capacité innée à éliminer le virus

En ce qui concerne l'évolution de l'infection, ou de la réinfection par le VHC, on constate que la persistance est systématique chez les sujets coïnfectés par le VIH. Chez les sujets VIH-, en revanche, le risque de persistance du VHC était douze fois moindre en cas de réinfection.
Pour les auteurs, elle reflète l'acquisition, lors de la première infection, d'une immunité naturelle, partiellement protectrice. Selon Michael Grant (université de Newfound land, Canada), qui signe l'éditorial du « Lancet », le phénomène observé pourrait au contraire relever d'une capacité innée de certains individus à éliminer le virus. Pour le Canadien, c'est la notion même d'immunité acquise qui est douteuse. D'abord, parce que des réinfections ont été constatées par des virus du même sérotype que le virus initial.

Une réaction immunitaire ponctuelle

L'éditorial penche donc en faveur de facteurs innés favorisant, chez certains, l'élimination du virus par une réaction immunitaire ponctuelle. Les 98 personnes ayant éliminé une première fois le virus auraient simplement été sélectionnées pour cette aptitude. Rien ne prouverait donc, dans l'évolution plus favorable de la réinfection, une activité immunitaire acquise.
Si l'on excepte les quelques cas individuels qui ont été rapportés, l'étude publiée dans le « Lancet » est la première sur le sujet. Il est probable que d'autres suivront.

Si une immunité partielle par l'infection est finalement démontrée, il s'agira d'élaborer le vaccin capable de la reproduire...