Nouvelles de Marmottan

Propos recueillis...

Marmottan, en cinq lignes

"Marmottan", c'est un centre spécialisé dans l'accueil, l'orientation et l'information des usagers de drogues, le sevrage, l'accompagnement et le soutien aux toxicomanes et à leur famille. il s'occupe de la prise en charge médicale, psychologique, sociale et éducative ainsi que du développement de programmes de substitution.

Il est installé à Paris, dans le 17è arrondissement ( CSST Centre marmottan : 19, rue d'Armaillé, Paris 17e.) Il existe dans la capitale 22 autres Centres Spécialisés de Soins aux Toxicomanes.

Le problème de l'exclusion

Beaucoup de patients co-infectés qui viennent à Marmottan ont du mal à adhérer aux traitements anti-vih. Le problème de l'observance des traitements est lié à la précarité dans laquelle évoluent les personnes. Quand le logement c'est la rue, il est difficile de prendre régulièrement, à heure fixe, des traitements à jeun.

Alors il faut essayer de réunir 2 ou 3 mois de caution et trouver un garant pour régler un loyer. Le problème le plus évident, c'est donc, à Paris, le logement. On pourrait attendre de la ville ou de l'Etat un engagement plus concret, plus fort dans ce domaine.
Lorsque la COTOREP, compte tenu de critères médicaux, accorde une allocation , il y a la garantie que des ressources minimum seront disponibles : mais elles sont insuffisantes à Paris parce que le logement, la vie sont très chers. Le problème se situe là.

Prise en charge médicale

L'accès au soin est certainement trop tardif en France. Les moyens déployés pour la mission de prévention , l'accès précoce aux soins sont insuffisants.
Pour preuve, il y a peu de temps, en une semaine, trois personnes avec une cirrhose constituée, d'origine virale, sont venues au centre. La moyenne d'âge est de 35 ans. Un homme est également venu , chez qui on suspecte un cancer du foie, toujours d'origine virale. Son âge ? 30 ans.
Enfin, un patient entre au centre hépato-biliaire de Villejuif fin mars/ début avril. Une transplantation est sa seule chance de survie. Mais en raison de la rareté de son groupe sanguin, le problème est de trouver une compatibilité avec un greffon.

Qualité de Vie ??

La qualité de vie est le premier souci pour un centre comme Marmottan. Mais de quelle qualité de vie doit-on parler lorsque la plupart des patients sont sans domicile fixe, ou habitent dans des squats ? Quand on est sous trithérapie VIH et coinfecté VHC+, quand on squatte, avec à peu près 5 € pour subvenir aux besoins d'une semaine, quelle qualité de vie y-a-t-il ?

Autre problème pour les patients infectés par le VIH : en banlieue, "dans les cités ", le "dasi" comme ils disent, on doit le cacher. Par exemple, quand les patients prennent des journaux d'information d'Act-Up ou de Aides, il faut qu'ils soient assurés, de retour chez eux, d'une certaine discrétion. Systématiquement, il faut penser à prendre un sac pour cacher le journal. Sommes-nous bien en 2002? Comment assurer une qualité de vie aux personnes qui doivent vivre leur séropositivité VIH VHC VHB comme une honte, un délit ? Le jugement moral qu'elles supportent est oppressant.

La drogue, c'est comme être dans l'oeil d'un cyclone qui dévaste. L'enjeu reste en effet toujours le même et l'on n'est pas sûr d'y parvenir : il faut s'en sortir.