Alcool

Un verre, ça va ?

C’est vrai, on a toujours aimé boire.  L’alcool fait partie du décor dans les bars, les boîtes,  entre potes, entre mecs, avant ou pendant et après. Et pourtant…Quand on a une hépatite, c’est  le foie qui fait la gueule.

La prise d’alcool  avec une infection hépatique à VHB ou VHC est un facteur d’évolution vers un stade avancé de l’hépatite. Le métabolisme de l’alcool développe une toxicité qui nuit au foie. Il  a également une incidence sur les mécanismes immunitaires. 

La consommation d’alcool, même dans des proportions raisonnables, intervient sur une  réduplication plus forte du VHC et VHB, par l’intermédiaire d’effets immunodépresseurs. A l’inverse, une diminution de la consommation d’alcool entraîne une diminution des quantités de virus. Les effets additionnés de l’alcool et d’un virus hépatique aggravent donc plus rapidement l’infection à VHB ou VHC, avec un risque important de cirrhose. .
Il est indispensable d’évaluer la consommation d’alcool des patients qui consultent un hépatologue.  Cette évaluation permettra d’envisager la modification du comportement face à la boisson.
D’après le témoignage de nombreux médecins, environ 50% des patients touchés par une hépatite  réduisent de manière spontanée leur consommation d’alcool.

Il est important en effet pour le médecin d’obtenir une consommation modérée pendant les six mois qui précèdent toute biopsie hépatique. Une biopsie pratiquée trop tôt chez une personne habituée à la boisson ne permet pas de distinguer clairement si les lésions observées sont dues au  VHB ou VHC ou si elles sont aggravées par la prise continue d’alcool. Or l’indication d’un traitement antiviral repose sur l’observation des lésions occasionnées par le virus.

Au cours du traitement antiviral destiné à combattre l’infection VHB ou VHC, l’abstinence absolue doit donc demeurer le mot d’ordre : l’alcool peut réduire l’efficacité du traitement (augmentation éventuelle de la charge virale, modification des paramètres immunitaires et hépatiques, aggravation des lésions du foie, mauvaise tolérance de l’alcool pendant la durée du traitement.)

La virémie VHC augmente dès deux verres par jour. C’est pourquoi un conseil de grande modération doit être formulé en direction des personnes dépendantes de l’alcool.

Les personnes abstinentes sont bien sûr conviées à le rester.

La tradition millésimée

En France l’alcool est un sujet délicat qui dérange. Beaucoup de gens récusent l’idée que l’alcool peut devenir un problème.  Le poids de traditions séculaires a institutionnalisé la prise de boissons.

L’alcoolisme recouvre en fait des réalités très  multiples.  Intégré au tissu social et culturel, il peut par exemple s’associer aux plaisirs de la table, à une acte social. Il correspond alors à une gestuelle de groupe. Il est pernicieux car  il peut passer inaperçu. Les dégâts qu’il provoque au bout du compte, eux, ne le sont pas.

Il peut aussi correspondre à un mal-être :  il devient alors le signe d’une accoutumance qui s’isole, se cache. C’est l’alcoolisme solitaire. L’individu boit seul. Cet alcoolisme  est l’un des versants extrêmes de la dépendance. L’alcool, surtout s’il est associé à d’autres produits,  peut devenir une drogue dure qui provoque des dégâts physiques et psychiques importants.

Une démarche active

Avant de commencer tout traitement antiviral, il s’agit de s’efforcer de négocier l’arrêt de l’accoutumance. Cela permet au patient  d’accroître les chances de réussite du traitement son hépatite.
Des structures existent, qui aident les personnes qui le souhaitent dans leur démarche. A Lyon, l’association ‘Ruptures’ a mis en place un groupe de parole autour de l’alcool. Cet espace de parole a pris sa place dans une politique plus globale de réduction des risques.
Une orientation vers des centres de  sevrage d’urgence d’une durée de 7 à 10 jours, ou vers des cures plus classiques est proposée aux usagers qui le demandent.

Inégalités, Exclusions

Un point sensible subsiste, largement débattu au sein du corps médical et des associations : est-il  acceptable d’entendre un médecin refuser un traitement à un patient dont l’état le justifie, au seul prétexte que la dépendance à l’alcool peut aboutir à des résultats moindres ?  

Ces exclusions sont injustes le plan éthique.   Parce que le traitement des  infections à VHB ou VHC va en augmentant, parce que le système de santé sera confronté plus fréquemment aux problèmes d’accoutumance à l’alcool, il viendra un moment où nous ne pourrons plus faire l’économie de ce débat.